DU PUISATIER AU PASSEUR DE RELAIS
2005-2021
En 2009, Jean-Michel Gallet, un voyageur éclairé, passionné par l’Asie, ayant entendu parler d’André Graff et de son travail va à sa rencontre dans l’ile de Sumba.
Suite à cette visite, dans une Feuille de Route intitule “De l’Alsace à Sumba” il dresse en 2012 un portrait enthousiaste et sincère de celui qu’il décrit comme « un militant humaniste et écologiste ».
Depuis toutes ces années, André est resté fidèle à cette « quête de l’Absolu » si bien décrite dans le texte documenté qui suit. Ce qui le définit le plus à mes (nos ?) yeux c’est sa constance, sa volonté, son courage et son abnégation, malgré les difficultés de toutes sortes, les déconvenues, les maladies. Sa « foi » aussi pour poursuivre le but qu’il s’est fixé.
A l’âge ou d’autres prennent leur retraite, André décide (après un trop long séjour indépendant de sa volonté en Europe, en 2020) de repartir, d’affronter le choc de ce qu’il va découvrir en période de pandémie et typhons, et de reprendre ses activités à Sumba. Cette fois avec l’idée de valoriser ce qui a déjà été fait et de passer le relais aux populations locales. A son retour il a d’ailleurs eu l’heureuse surprise de voir qu’en son absence des relations avaient construit des puits, selon les techniques qu’il leur avait apprises, pour irriguer leurs rizières. Une belle entrée en matière pour passer le flambeau.
Rester au service de populations défavorisées, améliorer la vie des femmes, permettre aux enfants d’aller à l’école dans ces îles de la Sonde méconnues et oubliées, tel est le challenge de ce personnage hors normes qui met sa vie au service des autres depuis près de 20 ans.
Découvrez le portrait d’André Graff par JM Gallet :
Waikabubak, le 15/08/2012 – Paris, le 25/11/2012
Feuille de route 39 – de l’Alsace à Sumba (Indonésie), le parcours d’un militant humaniste et écologiste
Quiconque parcourt les routes ou les chemins de l’ile de Sumba (1), l’une des plus arides de l’archipel indonésien, rencontre en permanence des enfants et des femmes transportant d’une source ou d’un puits, qui dans un seau, qui dans un jerrican, la précieuse (2) eau. Supprimer cette corvée, grâce à une énergie renouvelable, sur cette ile déshéritée et qui semble hors du temps (3), tel est le défi que s’est lancé un Alsacien, André Graff, qui depuis sept ans, vit dans un village de la côte ouest de l’ile, Waru Wora (4). Après un parcours hors du commun ou, du moins, atypique..
* de l’Alsace à Sumba
Né il y a 54 ans à Munster, André Graff exerça pendant 22 ans un métier peu commun : pilote de montgolfière. Une activité professionnelle qui lui permit de découvrir le monde et notamment, en 1990, au retour d’une mission en Australie, l’Indonésie, “un pays séduisant où je m’étais promis de revenir”. Mais son métier le prenait alors tout entier: “un métier passionnant et que j’ai exercé avec passion”.
En 2003, une borréliose -ou maladie de Lyme- l’amène à cesser toute activité pendant un an. Ce répit est l’occasion de faire un bilan et de tourner une page : “j’ai alors décidé, même si je ne savais pas ce que je cherchais exactement, de quitter ma cage dorée”. Non sans peine : “lorsque j’ai pris la décision de céder mon entreprise -pour un euro symbolique-, je me suis enfermé chez moi et j’ai déprimé pendant une semaine”.
A la recherche d’une nouvelle voie, il décide de repartir dans le vaste monde, mais cette fois-ci, en prenant son temps. Il hésite entre l’Amérique du sud et l’Asie. C’est finalement en Indonésie qu’il se retrouve en 2004. Il y passe deux mois. Comme de nombreux voyageurs, il prend des photos et promet d’en rapporter un exemplaire à ceux des habitants qu’il a fixés sur sa pellicule. Et voilà comment, en 2005, il revient dans les îles de l’archipel indonésien. A priori pour un temps limité. Temps qui, toutefois, lui permet, à Sumba, de découvrir le vécu de ses habitants, et surtout l’aliénante quotidienne corvée de l’eau ainsi que les maladies, parfois mortelles, imputables à une eau impropre à la consommation. Le hasard lui fait alors rencontrer, dans une île voisine de Sumba, un missionnaire autrichien, le Père Lackner. André Graff s’intéresse au travail de développement qu’y mène le religieux. Ce dernier y construit des puits faits de cylindres en béton d’un diamètre de 1,20 mètre -appelés en indonésien “gorong-gorong”-. Travail certes habituel face à la problématique de recherche de l’eau. Ce qui est moins habituel est que ces puits présentent une particularité, celle d’avoir une face interne légèrement conique. L’intérêt de cette technique de construction est qu’elle rend l’accès au fond du puits et sa remontée sans danger. Une méthode qui supprime les accidents par rapport au procédé utilisé habituellement en Asie pour descendre au fond d’un puits, à savoir un échafaudage fait de bambous.
- 27 puits, mais pas satisfait..
André Graff décide alors de mettre en oeuvre cette technique à Waru Wora, un village de 33 foyers situé sur la côte ouest de l’île, au sommet d’une colline qui domine de ses 110 mètres la plaine côtière. Ses habitants doivent alors aller chercher leur eau, en contrebas, à 1,3 km du village. Eau captée souvent stagnante, voire rare à la saison sèche. Eau à usages multiples et vecteur de nombreuses maladies, parfois mortelles.
Il s’installe dans le village et y crée, en 2006, avec neuf autochtones, la “coopérative gorong-gorong” de Waru Wora. Il achète des moules et les matériaux nécessaires à la fabrication des “gorong-gorong” (5), interroge les anciens pour connaitre les lieux propices à la construction des puits (6) et commence avec son équipe les travaux (7).
En deux ans, 13 puits furent ainsi construits jusqu’à ce que la maladie (8) stoppe, en 2007, l’élan d’André Graff. Il ressent alors le besoin d’une “pause” et part, en 2008, pour six mois en France. Fin décembre, il est toutefois de retour en Indonésie, pour fêter, avec du fromage de Munster (!) l’arrivée de la nouvelle Année.
La construction des puits reprend. Quatorze nouveaux verront le jour sur les années 2009 et 2010. Au total 27 puits pour un coût total de l’ordre de 30 000 euros. Un tiers de cette somme a été pris en charge par le “département” de Sumba ouest (9), un tiers par des dons divers et le reste par André Graff personnellement.
- Comment faire monter l’eau au village ?
Si les habitants de Waru Wora disposent alors d’une eau non polluée et à volonté toute l’année, subsiste la corvée de l’eau, à savoir la remonter de la vallée au village distant de 1,3 km avec un dénivelé de 110 mètres. En réalité, cette interrogation est présente dans l’esprit d’André Graff depuis 2006 : “je pensais alors à un “truc” à pédales ou- plus sérieusement- à l’éolien. Mais, au début, la priorité, c’était la construction des puits”. En 2008, la question de la remontée de l’eau devient prégnante.
Existe certes la solution traditionnelle du générateur. Mais André Graff rejette l’idée d’avoir recours à cette source d’énergie. Polluante, fragile à cause de nombreuses pannes dues à l’absence d’entretien et plus vraiment dans l’air du temps. De plus, elle conforte, en Indonésie, de multiples corruptions dans le système de distribution du gazole.
La solution parait alors évidente à André Graff : dans une île où il arrive qu’il ne pleuve pas deux années de suite, c’est le soleil, fournisseur d’une énergie gratuite, qui dispensera les habitants du village de la corvée d’eau (10).
Passer de l’intention à un début de réalisation demandera près de deux ans de travail à André Graff : apprendre les mécanismes de fonctionnement de l’énergie solaire, concevoir un projet global, trouver et rencontrer les fournisseurs potentiels et aller à la pêche aux financements.
- l’énergie solaire au service de l’eau
L’électricité est fournie par 28 panneaux solaires représentant une surface de près de six mètres sur sept. Chaque panneau délivre une puissance de 175 watts, soit un total de près de 5 kilowatts. L’énergie produite alimente une pompe (11) qui remonte l’eau grâce à une canalisation -enterrée- de quatre centimètres de diamètre vers 11 citernes représentant une capacité de stockage de 33 000 litres (12). De là, l’eau est distribuée vers 4 stations où les habitants viennent, à tout moment de la journée, en tournant un robinet, chercher de l’eau. “ Point important”, tient à souligner André Graff, “ le système est conçu pour fonctionner sans batteries, l’eau étant remontée le jour, c’est-à-dire pendant les périodes ensoleillées. Sinon, le budget aurait du être plus important et aurait du intégrer le coût de l’obsolescence desdites batteries”.
Qu’en est-il donc du budget ? : “ il s‘établit à 55 000 euros, le poste les plus important étant celui des panneaux solaires.. J’ai reçu diverses aides financières (13), mais j’ai quand même du débourser 8 000 euros de ma poche pour boucler le budget ”.
Les frais d’entretien étant minimes et les panneaux solaires devant fonctionner en principe 25 ans, l’investissement, par rapport à celui d’un générateur et au coût de son fonctionnement, doit être rentable sur une période maximale évaluée de six ans à huit ans (14).
* Waru Wora, une réalisation en poupée russe
Depuis août 2011, les 800 habitants de Waru Wora, moyennant une cotisation d’environ un euro par mois et par foyer, disposent, pour leurs usages domestiques, d’eau toute l’année à proximité de leur habitat.
Des utilisations connexes pour cette eau ont commencé sur le plan sanitaire (latrines) ou sont à envisager sur le plan agricole. André Graff a développé un jardin qui, l’espère-t-il, pourrait servir de “modèle” afin que les habitants de Wora Wora diversifient ainsi leur alimentation (15).
Et surtout, il veut améliorer et étendre l’existant en deux directions :
– sécuriser la qualité de l’eau à Waru Wora, dans ce village où tout a commencé. D’une part, en chlorant, au niveau de la pompe, l’eau délivrée et d’autre part en installant un système de filtration pour une partie de l’eau qui sera alors parfaitement potable. Le tout devrait coûter environ 7 500 euros.
– étendre le système d’adduction d’eau existant à Waru Wora à 800 autres habitants des environs, ce qui représente un coût budgétaire de 20 000 euros (16).
* ce n’est qu’un début ?
Lorsque l’on parcourt les routes et pistes de Sumba, on découvre, de nombreuses citernes, en plastique ou en béton, souvent à l’abandon, dans nombre de localités. A quoi, se demande-t-on alors, correspondent-elles ? C’est que la nécessité d’approvisionner en eau les habitants de cette île déshéritée a suscité, ces dernières années, le lancement de trois autres initiatives à partir de fonds soit fédéraux, soit de la Banque Mondiale, soit d’une ONG (organisation non gouvernementale) américano-australienne (17). “ Il y a eu, concomitamment au travail que je réalise, depuis 2007, trois autres projets avec le même objectif que le mien…autant de gâchis d’argent pour des projets menés par des gens incompétents”. Et ayant vraisemblablement été à l’origine de corruptions nombreuses.
Car aucune de ces initiatives n’a donné de résultants concrets : les hypothétiques bénéficiaires de ces trois projets attendant toujours que l’eau promise remplisse les citernes installées !
Impressionnées par les résultats, eux effectifs, du travail réalisé par André Graff, les autorités “départementales” de Sumba nord ont décidé d’appuyer le travail réalisé.
Un deuxième projet, au nord de l’île, a débuté en septembre 2012. Il doit permettre la mise à disposition d’eau à une centaine de familles soit de 500 à 700 personnes (18).
Trois autres projets sont actuellement en discussion (19). Près de 10 000 personnes pourraient alors, eux aussi, disposer à proximité de leur habitat d’une eau, saine pour leurs usages domestiques, grâce à l’énergie solaire. Un financement via la Banque Mondiale pourrait concerner les deux plus importants projets. Mais l’intervention de cette institution financière nécessite la mise en place de mécanismes complexes qui ne pourront être résolus que si les autorités publiques indonésiennes sont déterminées à soutenir les projets.
Même si l’avenir de ces trois autres projets est, à ce jour, incertain, André Graff n’est pas à l’aube de sa retraite malgré des conditions, souvent difficiles, matérielles (20) et psychologiques : “ dans ce travail, j’ai appris, aux dépens de ma naïveté originelle, que les “salauds” existent dans toutes les catégories de populations, pas seulement chez les nantis..j’ai aussi appris que nos cultures -occidentale et sumbanaise-, au delà des sourires de rencontre, sont difficilement miscibles.. mais je ne regretterai jamais d’avoir consacré une partie de ma vie aux plus démunis.. et puis, aujourd’hui, le sens de mon combat, c’est d’abord l’écologie”.
*
Au total, un travail titanesque qui repose sur la volonté d’un seul homme (21), ce qui certes peut le rendre fragile sur la durée. Mais ce problème est commun à tous les projets de ce type, quelqu’en soit l’objet. Reste la question que chaque visiteur d’André Graff se pose : où a-t-il pu trouver l’énergie nécessaire pour mener à bien une tâche d’une telle ampleur ?
La réponse est à chercher auprès de l’intéressé. Lors des nombreuses et amicales rencontres que j’ai eues avec lui à Sumba, j’ai, au delà des apparences, rencontré un homme en permanence à la recherche de l’Absolu, ce qui l’amène à aller aux limites des possibilités humaines. Avec la même détermination et les risques que prend un alpiniste en gravissant les plus hauts sommets. Sauf qu’André Graff a mis cette énergie au service des autres..
Jean-Michel Gallet
(1) l’ile de Sumba, longue de 220 km. et large de 40 à 70 km., a une superficie de 11 153 km2. Elle située au sud des iles de la Sonde dont elle fait partie. Elle est la partie la plus occidentale de la Micronésie
(2) la consommation quotidienne d’eau est évaluée à 150 litres pour un Français. Dans les pays les plus pauvres, elle va de 10 litres à 30 litres/jour
(3) voir feuille de route 36 « rites funéraires à Sumba » et diaporama 14. Certes, dans les rares villes de l’ile, on trouve quelques éléments de “modernisme”, mais les emplois qu’on y rencontre (administrations, commerces, services) sont, dans la quasi-totalité des cas, mis en oeuvre ou occupés par des Indonésiens non originaires de Sumba, comme par exemple, la communauté chinoise pour le commerce. Les autochtones, eux, restent majoritairement à la campagne et y vivent en maintenant le respect des traditions
(4) waru signifie en langue locale “pot de terre”. La qualité de la terre permet en effet, dans ce village et dans les villages environnants, de fabriquer divers types de récipients (pot, jarre, tasse, etc..) suivant une méthode datant du néolithique : la motte de terre, à laquelle on a additionné du sable, est excavée grossièrement; on laisse le tout reposer environ deux heures à l’ombre; puis l’artisan “façonne” un objet à l’aide d’un galet et d’une batte : une main, avec le galet, à l’intérieur du récipient appuie contre la paroi; l’autre main, avec la batte, tapote sur la paroi externe pour façonner l’objet. La suite est “classique” : le récipient est séché au soleil, puis placé dans un feu de branchages et paille. Le résultat est un récipient évidemment unique aux formes légèrement bosselées
(5) coût unitaire d’un gorong-gorong (un cylindre en béton) : environ 20 euros
(6) André Graff s’entoure de sourciers pour trouver les localisations d’eau dans un territoire “qui est un gruyère”, mais s’applique une règle : “avant de construire un puits, je m’adresse toujours aux anciens, ceux qui n’ont jamais porté de sandales”
(7) construire un puits coûte, selon la taille du puits, de 800 à 1 500 euros. Ce coût comprend les matériaux nécessaires à la construction (ciment, etc..) et la main d’oeuvre. Il n’englobe pas le coût des moules, toutefois minime
(8) malaria, dengue et typhus..
(9) l’ile de Sumba comprend 5 entités politico-administratives que l’on traduit souvent en français par “département”
(10) dans des pays comme l’Indonésie, où le soleil est, globalement très présent, tout esprit logique se demande pourquoi le pétrole reste la principale source d’énergie et pourquoi le recours au solaire n’est pas plus répandu. La réponse tient essentiellement dans le faible coût de l’électricité produite à base de pétrole dans un pays producteur depuis les années 1970. L’essence -de plus subventionnée- est actuellement (été 2012) vendue 40 centimes/litre à la pompe. Et tout projet d’augmenter son prix -l’Indonésie est importateur net de pétrole depuis 2005- déclenche immédiatement des vagues de protestation, à la limite de l’émeute. La perspective d’élections présidentielles, en 2014,n’est évidemment pas de nature à faire beaucoup évoluer ce dossier avant cette date
(11) “de construction allemande” précise André Graff, “les pompes chinoises, seules concurrentes, n’offrent pas -encore- les mêmes performances technologiques”
(12) soit 6 citernes de 5 000 litres et 3 citernes de 1 000 litres construits en polyéthylène. Elles sont réparties en 4 “maisons de l’eau”, constructions paysagèrement intégrées et abritées notamment de la chaleur du soleil. Elles permettent ainsi d’avoir une eau toujours fraiche et indemne de mousses, à la différence de celles installées par d’autres opérateurs dans divers villages de Sumba qui se détériorent rapidement sous l’effet destructeur des éléments naturels (voir point 15)
(13) aides provenant d’une compagnie d’eau -filiale de l’ex-Lyonnaise des Eaux-, d’un Rotary Club hollandais, d’une société indonésienne de fabrication de pompes et du “Conseil Général” de Sumba ouest
(14) dans le cas d’espèce, il aurait fallu un générateur d’environ 10KW et une pompe électrique, le tout représentant un investissement de l’ordre de 5 000 euros. Pour pomper 40 m3 d’eau par jour et la faire remonter 110 mètres de dénivelé, il faut faire fonctionner le générateur environ 4 heures et demi par jour, ce qui nécessite environ 3 litres de gazole/heure. Le coût de fonctionnement de l’ensemble, incluant les frais d’entretien, s’élève à environ 15 euros/jour soit environ 5 500 euros par an. Au-delà d’une période de six à huit ans, le couple « solaire-eau » permettra donc d’économiser environ 5 000 euros/an par rapport à un générateur
(15) les habitants de Waru Wora se nourrissent de riz (les rizières sont dans la vallée), de racines ou plantes diverses recueillies dans la forêt et de quelques fruits, le tout complété, lors des fêtes, par la consommation de viandes, notamment de porcs -qui errent en permanence entre les maisons-, voire de buffles
(16) ce coût correspond à 4/5 kilomètres de canalisations enterrées, une dizaine de citernes abritées, 16 panneaux solaires supplémentaires et une pompe solaire pour une puissance de 2 kilowatts.
(17) les trois autres initiatives :
– un premier projet initié en 2007 suite à une décision des autorités centrales de Jakarta. Le Président de la République indonésienne ayant alors souhaité que chaque Indonésien puisse avoir accès à l’eau, 25 000 euros ont été octroyés à chaque “desa” (terme que l’on traduit souvent par “commune”, mais qui correspond, en France, à la taille d’un canton) concernée. Résultat sur le terrain : des canalisations mal galvanisées, donc corrodées; construction d’un système de distribution d’eau avec 7 réservoirs en ciment, trop chers et non entretenus; et surtout un puits qui s’est révélé sec en quelques jours !
– un deuxième projet, lance en 2011, par le PMPM, organisation publique nationale en charge de gérer des fonds provenant de la Banque Mondiale pour réaliser un projet de mise à disposition d’eau intitulé “mandi, cuci, cacus” (traduction : se laver, pouvoir laver et avoir des sanitaires). 35 000 euros ont été mis à disposition de chaque “desa” alors que personne ne sait d’où pourrait venir l’eau. Résultat : des dizaines de citernes qui polluent le paysage et qui ne servent à rien
– un troisième projet, en 2011, financé par une ONG (organisation non gouvernementale), la “Sumba Foundation”, elle-même financée par des bailleurs de fonds américains et, en l’espèce, australiens. Ce projet a consiste à mettre à disposition des villages des réservoirs de 2 200 litres alimentés à partir d’un puits au débit insuffisant sis près des rizières et délivrant une eau polluée à partir d’un générateur à gazole. Le tout a fonctionné trois mois !
(18) les conditions, pour cette deuxième réalisation, étant moins complexes qu’a Waru Wora, seuls deux panneaux solaires sont nécessaires pour produire une énergie d’un demi kilowatt/heure. Le cout du projet est évalué à 5 000 euros finances à moitié par le “Conseil Général” de Sumba nord et pour le reste par l’association “les puits de l’espoir” -voir point 21-
(19) le premier de ces projets concernerait 3 000 personnes et aurait un coût estimé à 55 000 euros. Le deuxième projet, nécessitant la pose d’un câble sous-marin pour aller chercher l’eau dans une grotte, aurait un coût de 35 000 euros et concernerait 2 000 à 3000 personnes. Le troisième projet également de 2 000 à 3 000 personnes pour un coût évalué à 15 000 euros
(20) André Graff ne bénéficie d’aucune des prestations d’une quelconque sécurité ou aide sociales ni ne s’octroie aucun salaire ou indemnité sur les travaux réalisés. Ses seules ressources proviennent de la location de sa maison en Alsace
(21) une bande d’amis soutient toutefois, depuis plusieurs années, l’action d’André Graff. D’abord en Indonésie où l’appui de l’ancien Consul honoraire en fonction à Bali, Raphael Devianne, a été déterminant. En France, où vient d’être créée, fin 2011, une association -“les puits de l’espoir”- – voir site : http://www.lespuitsdelespoir.fr
Crédit photos : Jean-Michel Gallet et André Graff